13e dimanche dans l’année C – 26 juin 2022

                                     1R 19, 16b.19-21 ; Ga 5, 1.13-18 ; Lc 9, 51-62.

« Suis-moi »

Frères et sœurs,

Les textes de ce dimanche nous parlent des appels du Seigneur et de la réponse des hommes. Ces appels nous arrivent en fin d’année pastorale, au moment où la plupart d’entre nous ressentent plutôt le besoin de souffler et d’oublier leurs responsabilités et leurs soucis. Ils pensent que ce n’est peut-être pas le bon moment. Cependant, la liturgie de ce dimanche nous invite à voir les choses autrement. Car notre Dieu ne prend pas des vacances. Il ne cesse d’embaucher et son appel est pour tous sans exception. Il compte sur chacun de nous et à tout moment pour témoigner de son amour auprès de ceux et celles qui ne le connaissent pas. Comme Bernadette de Lourdes, nous ne sommes pas chargés de faire croire mais de « dire ». Le principal travail, c’est le Seigneur qui le fait dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. Et notre réponse à cet appel de Dieu suppose une grande disponibilité.

La vocation d’Elisée

Dieu suggéra à Elie de désigner Elisée pour assurer la continuité de sa mission de prophète. Elie n’a su que transmettre à Elisée cet appel de Dieu par un geste très parlant : le jet du manteau. Elisée a compris et en toute liberté est allé faire ses adieux.

En effet, l’appel qu’Elie adresse à Elisée réclame qu’il quitte tout pour le suivre mais sans violence pour sa famille et ses proches. Il en est de même pour nous. Notre vocation d’être chrétien nous oblige à avoir un style de vie. Cependant, elle ne nous demande pas de briser tout le lien avec ceux qui ne partage pas nos convictions.

Le Christ n’est pas venu voler notre liberté mais la faire exister.

Invitation à une liberté radicale pour suivre Jésus

L’évangile d’aujourd’hui nous dit que le Christ, malgré le rejet qui l’attend, prend résolument le chemin vers Jérusalem. Il est prêt à aller jusqu’au bout de son amour pour nous, quoiqu’en soit le prix à payer.  Tout au long de ce voyage, Jésus continue son enseignement. Et il n’hésite pas à convier plusieurs personnages à le suivre sur-le-champ.

A cet homme prêt à le suivre, le Christ ne cède pas à l’enthousiasme de cette vocation, il lui répond : « sache que le fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ». Ce qui veut dire, suivre le Christ c’est renoncer à notre petit confort, à nos petites assurances. Au deuxième qui voulait d’abord aller aux funérailles de son père, Jésus lui demande de partir immédiatement annoncer la Bonne Nouvelle. Le Christ doit être notre priorité, nous sommes invités à l’aimer par-dessus tout. Au troisième qui veut tout simplement comme le fit Elisée, aller dire aurevoir à sa famille, Jésus rappelle que « celui qui met la main dans la charrue et regarde en arrière n’est pas digne du Royaume de cieux ». On peut alors dire à ce régime qui peut donc suivre Jésus ?

La première des choses à comprendre est que nous ne pouvons avoir aucun projet valable, sérieux, sans être prêts à en payer le prix, à sacrifier quelque chose pour y arriver. De deux, toute la prédication de Jésus est une Bonne Nouvelle. Et puisque Jésus a rencontré un obstacle majeur chez les hommes de son temps et que sa parole continue à rencontrer les obstacles même aujourd’hui, que le Christ hausse le ton, il devient plus exigeant. Cet obstacle, c’est la dureté de nos cœurs. Nous sommes durs à convaincre et à se mettre en route. Souvent nous sommes plutôt portés à remettre à plus tard notre réponse à l’appel du Christ.

Il nous arrive parfois de répondre : « je n’ai pas le temps… j’ai d’autres choses à faire pour le moment… plus tard… quand je serai à la retraite j’aurais plus de temps… ». Si nous attendons de n’avoir rien à faire, nous ne serons jamais disponibles aux appels du Christ. Le Seigneur nous recommande aujourd’hui de nous libérer de tous ces obstacles qui nous détournent de lui.

Liberté au cœur de la foi

Saint Paul nous dit que le Christ est venu faire de nous des hommes libres. Cependant, cette liberté est encore à conquérir de haute lutte, parce que nos cœurs ne sont pas encore libérés du superflu : l’égoïsme, l’orgueil, l’instinct de domination, de possession. Bref, se libérer de la chair pour vivre de l’Esprit.

Puisse le Seigneur par la grâce de l’Esprit saint nous libérer de tout ce qui nous retient pour nous mettre en route à sa suite.

Abbé Hugues

 

 

7e dimanche de Pâques C – 29 mai 2022

                             Ac 7, 55-60 ; Ap 22, 12-14. 16-17. 20 ; Jn 17, 20-26.

                                    « Ut unum sint : Que tous soient un ».

Chers frères et sœurs,

Le jeudi dernier, nous avons célébré la fête de l’Ascension de notre Seigneur Jésus-Christ et le dimanche prochain ce sera la Pentecôte. L’Evangile qui nous est proposé ce dimanche est celui de saint Jean, sur la Prière de Jésus pendant la dernière Cène : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi, qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé ». Jésus prie son père pour ses disciples, mais pas seulement pour eux, il le fait aussi pour tout ceux qui croiront en lui. Il prie en notre faveur. Il s’agit d’une prière à double objet : pour l’Unité entre ses disciples et pour la crédibilité à sa mission aux yeux du monde.

Dans sa prière, Jésus nous révèle que c’est la communion du Père et du Fils qui constitue la source et le modèle de l’unité à réaliser entre les hommes : unité étroitement liée à l’Amour du Christ.

Pour Jésus en effet, la vocation ultime de l’humanité est d’être unie dans l’Amour de Dieu. C’est seulement en étant unis au Christ que toutes les autres formes d’unité pourront être édifiées. Et comment pourrons-nous être témoins de l’Amour du Christ s’il y n’y a pas d’amour entre nous ?

Etienne, le premier martyr chrétien, meurt victime de ce manque d’amour ; victime de l’intolérance des dirigeants de la synagogue. Et pourtant lui, il est resté témoin de cet amour du Christ jusqu’à la mort. Pendant qu’on le lapidait, Etienne priait ainsi : « Seigneur, reçois mon esprit. Puis se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte, Seigneur, ne leur compte pas ce péché ».

Frères et sœurs, les textes de ce dimanche nous aident à discerner que tout ce qui favorise l’unité et l’amour entre les hommes vient de Dieu. Cependant tout ce qui crée la division, la calomnie, toute parole méchante qui détruit l’autre est l’œuvre du diable.

Ainsi se termine le livre de l’Apocalypse sur l’appel à la venue du Christ. La venue qui fera connaître la valeur de l’œuvre de chacun.

Viens, Seigneur Jésus, étoile resplendissante du matin, sur ceux qui sont dans la nuit ; Lumière qui brille depuis le commencement, viens, à la fin de l’histoire, dissiper toutes les ténèbres du monde !

Puisse le Seigneur nous accorder la grâce d’être des témoins de son Amour et des instruments d’Unité et de Paix dans le monde.

Amen

Abbé Hugues Mbatizoma

3e dimanche de Pâques C – 1er mai 2022

                             Ac 5, 27b-32 ;  Ap 5, 11-14 ; Jn 21, 1-19

Apparition de Jésus au bord du Lac : la pêche miraculeuse.

C’est pour la troisième fois que Jésus apparaisse à ses disciples après sa résurrection. Cette troisième apparition est un geste de réconciliation avec ses disciples qui l’avaient renié et abandonné. Cependant, le Seigneur s’est manifesté à eux pour leur redonner sa confiance et son amour. Dans l’église née du souffle de l’Esprit, du sang versé de l’agneau et fondée sur la foi des apôtres, c’est l’amour qui doit emporter sur toute chose.

C’est cet amour qui a animé les apôtres et Pierre en particulier à proclamer devant le Sanhedrin « qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».

Les disciples se retrouvent devant les autorités religieuses qui leur avaient défendu de parler de Jésus, et qui croyaient avoir ainsi réglé le problème de façon définitive. Cependant, les Apôtres ont su dire « non » à cet ordre exprimé sur un ton de menace : « nous vous avions formellement interdit d’enseigner en ce nom-là. Or, voici que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement ». Les Apôtres ont su désobéir aux autorités par obéissance à Dieu. Ils ont dit « non » à ceux qui voulaient les empêcher de parler de Jésus Christ.

En effet, ce texte s’applique aussi bien à notre réalité d’aujourd’hui qu’à celle du temps des premiers chrétiens après la résurrection. Chaque civilisation a ses certitudes et les dirigeants n’acceptent pas facilement que les gens soient en désaccord avec eux.

Aujourd’hui les dogmes modernes sont : la liberté, la démocratie à l’américaine, le capitalisme, la séparation de l’église et de l’état, la laïcité pure etc. Critiquer, contester le système en place, ouvrir une brèche, c’est ébranler tout l’édifice qui repose sur l’illusion d’être universel, total et absolu.

Les dirigeants exigent souvent une approbation inconditionnelle et font tout pour discréditer, ridiculiser, démolir ceux qui ne pensent pas comme eux : « si tu veux avoir du succès dans la vie, tu dois être d’accord avec ceux qui gouvernent. Si tu veux faire carrière, tu dois intégrer le système, c’est-à-dire tu dois intégrer leur vision du monde. Si tu veux obtenir un poste de directeur, une fonction politique, tu dois apprendre à penser comme ceux du parti. Si tu veux faire de l’argent, il faut jouer selon les règles imposées par le marché même si ce jeu n’est pas toujours propre et honnête ».

Cependant, les Apôtres ont eu le courage de résister aux pressions exercées par les dirigeants et ont continué à annoncer Jésus-Christ ressuscité. Leur geste de défi doit être une inspiration pour chacun de nous : « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ».

Ainsi, être chrétien signifie maintenir notre liberté de penser et d’agir, savoir s’opposer à ce qui est injuste, dire non à ce qui va contre le droit des personnes innocentes, être capable de défendre sa foi. Par ailleurs, le chrétien doit en même temps avoir une approche critique vis-à-vis de la société, de la politique, de la religion, de la culture, de la tradition tout en maintenant une attitude de dialogue, de réconciliation, de fraternité et de collaboration.

Aujourd’hui dans l’évangile, nous sommes au bord du Lac Tibériade où Jésus avait promis à ses premiers disciples de faire d’eux des pêcheurs d’hommes. Après la mort de Jésus, les disciples retournent à leur vie professionnelle des pêcheurs. C’est au cœur de leur quotidien que le ressuscité va se manifester à eux. Pierre est au centre de ce récit. Il prend l’initiative d’aller à la pêche, de se jeter à l’eau pour rejoindre le Seigneur sur le rivage, de ramener à terre la pêche commune. Finalement, c’est à lui que Jésus confie la direction pastorale de son église, malgré son triple reniement. Jésus ne lui demande que de l’aimer : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? ». Cette triple interrogation renvoie au triple reniement de Pierre, mais elle ne concerne pas que Pierre, elle s’adresse à chacun d’entre nous. Elle nous fait entrer dans la compréhension de qui est ce Jésus que nous devons aimer.

Jésus que nous devons aimer est celui de la croix, « l’agneau immolé » qui a versé son sang pour nous. Et l’Apocalypse de Saint Jean nous démontre que, ce que les hommes prétendent obtenir par leur seule force et leur intelligence : puissance, richesse, sagesse, honneur, louange, Jésus l’a reçu pour nous sur la croix et il est devenu le Seigneur de l’univers. Nous ne pouvons rien recevoir de beau, de vrai et de durable sans pouvoir nous associer au Christ.

Laissons le Christ monter dans nos barques pour donner sens à toutes nos actions.

Amen

Abbé Hugues MBATIZOMA

 

5e dimanche de carême C – 3 avril 2022

Is 43, 16-21 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11

La miséricorde et le pardon nous ouvrent à l’avenir

Toute l’histoire du peuple de la Bible est parcourue par un souffle orienté vers l’avenir, une attente et espérance sans cesse renaissantes. Voilà une excellente clé pour relire l’épisode de la femme adultère dans l’évangile de ce dimanche qui met face à face les tenants du passé (scribes et pharisiens) et Jésus, qui ouvre aux hommes un avenir tout autre.

Même si nos cœurs sont arides comme le désert, Dieu y fera passer les fleuves de son amour et de sa vie (Is 43, 16-21)

C’est ce qu’évoque la première lecture tirée du prophète Isaïe : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? (…) Les bêtes sauvages me rendront gloire- les chacals et les autruches- parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides ».

En effet, ce n’est pas seulement autrefois, au temps de l’esclavage d’Egypte, que Dieu s’est montré un Dieu sauveur. C’est aujourd’hui qu’il sauve. Il fait fleurir les cœurs désertés par l’espérance et la joie, par l’amour et le pardon des offenses.

Jésus et la femme adultère (Jean 8, 1-11)

Les scribes et les pharisiens amènent à Jésus une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. La Loi de Moïse, dont les scribes et les pharisiens se réclament ici ordonnait, en cas d’adultère, de mettre à mort les deux coupables : « L’homme qui commet l’adultère avec la femme de son prochain devra mourir, lui et sa complice » dit le livre de Lévitique (Lv 20, 10). Or, ici l’homme a disparu sans laisser de traces, la femme est restée toute seule à porter le poids de la faute. Ainsi, elle est réduite à jouer le rôle de bouc émissaire pour tout le monde. Comme quoi, le péché d’autrui nous rassure, nous fait sentir justes, nous décharge de notre responsabilité et notre culpabilité propres.

Quoi qu’il en soit, nous voici en présence d’une scène de jugement et de deux attitudes très différentes devant le péché : d’un côté, les scribes et les pharisiens, de l’autre Jésus.

L’attitude des scribes et des pharisiens est impitoyable dans sa logique : cette femme a péché, elle doit payer, sans recours possible. Ils enferment la femme dans son péché, ils la figent dans sa faute.

Et quel est le vrai motif qui les anime ? Ce n’est pas le souci du respect de la Loi de Moïse. L’évangile est clair sur la pureté d’intention de leur démarche : « ils veulent mettre Jésus à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser ». Continuer la lecture

1er dimanche de carême C – 6 mars 2022

Dt 26, 4-10a ; Rm 10, 8-13 ; Luc 4, 1-13

                                             La tentation de Jésus au désert

                     Frères et sœurs,

La liturgie de ce premier dimanche de Carême nous propose chaque année de méditer sur les quarante jours passés par Jésus au désert. Ces jours constituent un prototype du temps qui s’ouvre devant nous pour nous préparer à la célébration de la Pâque. De même que Jésus a été au désert pendant quarante jours pour affronter l’épreuve, de même nous sommes invités à entrer dans un chemin de conversion pendant quarante jours.

           I. La tentation de Jésus : Être fils de Dieu, la tentation de la toute-                  puissance.

« Après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint…. fut conduit à travers le désert pour être tenté ». Nous devons donc comprendre que le baptême du Christ, au moment où il est rempli de l’Esprit-Saint, ouvre devant lui un temps d’épreuve.

Quelle est donc la nature de cette épreuve ? L’Evangile nous dit qu’il est tenté par le Démon. Quel est le contenu de cette tentation ? L’épreuve porte sur le titre qui lui a été donné au moment de son baptême : « Tu es mon Fils, mon bien-aimé « .

En effet, la tentation consiste à lui dire : Si tu es le Fils de Dieu, – comme on vient de l’entendre au moment du baptême -, si tu es le Fils de Dieu, alors tu peux ordonner à cette pierre de devenir du pain ; si tu acceptes de te prosterner devant moi, je te donne la possession du monde ; si tu es le Fils de Dieu, jette-toi du haut du Temple. Bref, l’épreuve à laquelle le Christ est soumis est la conséquence directe de son baptême et du titre du Fils de Dieu qu’il a reçu. Continuer la lecture

5e dimanche dans l’année C – 6 février 2022

                                            Is 6, 1-2a. 3-8; 1Co 15, 1-11; Lc 5, 1-11

L’Appel du Seigneur : la Vocation d’Isaïe, de Paul, de Pierre, Jacques et Jean.

« Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et la grâce dont il m’a comblé n’a pas été stérile » 1Co 15.

Chaque homme comme Isaïe, Paul, Pierre, Jean et Jacques, est appelé à être ce qu’il est profondément ; à trouver un sens à son existence. Tout homme est appelé à faire quelque chose dans sa vie.

En effet, les ados d’aujourd’hui comme ceux d’hier se demandent tous un jour ou l’autre ce qu’ils feront dans la vie. C’est une question qu’ils porteront pendant de nombreuses années pour certains et certaines. Pour d’autres la voie est toute tracée. Leur choix ne les préoccupe pas. Ils suivront les traces d’un père ou d’une mère. Ils se lanceront dans un domaine qui les passionne déjà. Pour plusieurs, le chemin sera plus long. Il se fera à travers des hauts et des bas. Des essais et des échecs. C’est la vie dira-t-on… Nous sommes ici sur le terrain du choix d’un travail ou d’une profession.

Il en va ainsi pour la personne croyante qui désire découvrir son chemin, sa vocation car, comme le dit le pape François : « Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour lui. » (Exhortation Gaudete et Exsultate sur la sainteté n. 11)

Nous avons dans les trois textes d’aujourd’hui trois récits de vocations qui ont été vécues par des personnes comme nous qui ont été l’objet d’un choix particulier de Dieu. À cause de circonstances particulières, le chemin déjà poursuivi a pris pour elles une direction nouvelle et inattendue. C’est ce qui est arrivé à Isaïe, à Paul, à Pierre et aux autres disciples du Christ.

La vocation d’Isaïe, Paul, Pierre passe par une rencontre.

Cette rencontre peut être extraordinaire comme la théophanie que vit Isaïe, perturbante comme celle de Paul sur le chemin de Damas, ou plus simple comme celle de Pierre qui rencontre un homme alors qu’il pêche sur le lac. Continuer la lecture

L’Epiphanie du Seigneur – dimanche 2 janvier 2022

Is 60,1-6 ; Ep 3,2-3a. 5-6 ; Mt 2,1-12

Nous célébrons aujourd’hui la solennité de l’Epiphanie de notre Seigneur Jésus Christ. Célébrer l’Epiphanie du Seigneur, signifie reconnaitre sa « manifestation » ou sa « révélation » au monde entier ; car Jésus est venu non seulement pour les juifs mais aussi pour tous les hommes et toutes les femmes quelques soient leur race ou leur croyance. C’est cela que saint Paul affirme dans la deuxième lecture lorsqu’il déclare comprendre la révélation du mystère de Dieu, à savoir que « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus par l’annonce de l’évangile ».

L’évangile de ce jour nous rapporte le récit des rois mages qui sont des étrangers et des païens et qui, de manière mystérieuse sont venus adorer Jésus qui s’est révélé au monde comme Lumière qui vient dissiper nos ténèbres.

 Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.

Dans la première lecture, le prophète Isaïe invite les israélites à reconnaitre ce que le Seigneur fait pour eux, en ramenant les exilés dans leur pays. Le prophète appelle le peuple qui était plongé dans l’obscurité à se tenir débout et à ouvrir les yeux pour regarder la lumière du Seigneur qui vient les sortir de ténèbres.

Nous pouvons aussi prendre cet appel à notre compte ; car lors de notre baptême Dieu nous a donné son esprit de lumière ; il nous suffit d’ouvrir nos yeux et de regarder au fond de nos cœurs pour y percevoir la lumière de l’esprit qui nous aide à quitter nos ténèbres afin de resplendir de la lumière du Christ.

En effet, la Jérusalem d’aujourd’hui, pomme de discorde entre Israéliens et palestiniens, voire entre gardien rivaux des lieux saints, ne ressemble guère à celle du roi Hérode, encore moins à celle radieuse et souveraine qu’entrevoyait le prophète du retour. Pourtant, juifs, chrétiens et musulman continuent à s’en réclamer comme leur patrie spirituelle, point de rencontre unique du ciel et de la terre. Or, les mages d’orient, dont l’évangile de Mathieu conte l’étonnant périple, ne faisaient pas partie du peuple élu. Ces chercheurs de Dieu venus d’ailleurs, nous invitent aujourd’hui à regarder par-delà les limites des églises, de nos races et de nos cultures et à ne pas être trop possessif du trésor de l’évangile car le salut que le Christ apporte est destiné à tous.

Il nous revient alors de favoriser l’expansion de son évangile à travers le monde entier et de n’y poser aucun obstacle. Nous avons donc le défi d’attirer les hommes au Christ et à être des lumières pour les autres à partir de notre témoignage de vie.                                                                                                                                         Dans l’évangile, cette lumière est représentée par l’étoile que les mages suivaient.

Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.

Ces astrologues babyloniens ou perses, au courant de l’attente d’un sauveur par les juifs, croient découvrir le signe de sa naissance dans un astre qu’ils ont observé. Ces païens n’hésitent pas à se mettre en route. Mais le peuple, pourtant prévenu par la Bible, adopte à travers des chefs, une attitude d’hostilité ou d’indifférence envers son sauveur.

L’indifférence des habitants de Jérusalem est comparable à l’indifférence religieuse qui se vit dans notre monde aujourd’hui et cela au profit des plaisirs mondais.

En effet, la grande leçon que nous pouvons tirer de ce récit, est celle de l’attitude des rois mages : ils ont vu le signe du temps, ils se sont mis en route et surtout qu’ils se sont laissé guider par l’étoile.

Et lorsque l’étoile a disparu, il a fallu que les chefs des prêtres et les scribes scrutent les écritures pour retrouver la direction où devait se rendre les mages. Dans nos vies, il arrive aussi parfois que la lumière de la fois disparaisse pour un temps plus ou moins long.  Et ce passage de l’évangile nous montre qu’à des pareilles circonstances, il nous faut retourner aux écritures afin de retrouver la bonne direction à donner à nos vies.

Comme les rois mages, nous sommes en route à la suite du Christ. Et pour chacun de nous, Dieu allume une étoile pour nous éclairer. C’est la parole de Dieu qui nous guide et nous conduit vers lui. « Les nations marcheront vers ta lumière… Tous les gens de Saba viendront, proclamant les louanges du Seigneur ».

Comme les mages, nous sommes invités à écouter le gémissement de notre cœur qui tend vers le bien et ne pas nous laisser éblouir par les mensonges de ce monde ou par les artifices qui nous séduisent : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant, et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer, pour que j’aille moi aussi me prosterner devant lui ».

L’évangile rapporte aussi la cène d’agitation du roi Hérode, qui s’est mis en colère en entendant parler de la naissance d’un autre roi. Hérode fut un mauvais roi. Il a vécu toute sa vie dans la peur de perdre son pouvoir. Il voyait des complots partout. Pour conserver son pouvoir, non seulement qu’il avait massacré des enfants innocents, mais il commettait aussi d’autres tueries : il a fait tuer ses trois fils, sa belle-mère et son épouse. Cependant il n’a pas échappé à la vérité de l’histoire, car la mort l’a rattrapée. Alors Jésus le vrai roi vit et règne pour l’éternité. Cet épisode nous révèle que les pouvoirs totalitaires dans le monde, quelques soient leurs puissances, finissent par disparaitre.

Prions pour la conversion des gouvernants aveuglés par leur pouvoir, afin qu’il se mettent au service de leur peuple et qu’ils reconnaissent et adorent l’unique et vrai roi, Jésus Christ notre Seigneur.

Frères et sœurs, en ce jour où nous célébrons l’Epiphanie du Seigneur, laissons-nous guider par le Christ, la Parole faite chaire qui veut éclairer notre chemin vers le salut. Et prions pour que le Seigneur se révèle au monde d’aujourd’hui et attire à lui tous les hommes et toutes les femmes.

Amen

Abbé Hugues MBATIZOMA

2e dimanche de l’Avent C – 5 décembre 2021

1ère lecture :  Ba 5,1-9 ; 2e lecture : Ph 1, 4-6.8-11 ; Evangile : Lc 3, 1-6.

                                          La justice et la miséricorde de Dieu

« Préparez les chemins du Seigneur, rendez droits ses sentiers ».

Chers frères et sœurs,

La semaine dernière, le prophète Jérémie nous annonçait celui qui allait venir à Noël : Dieu notre justice. Cette semaine, le prophète Baruch précise que cette justice est miséricorde.

Dans la première lecture, Baruch chante l’Espérance de tout un peuple en exil.            Dieu a décidé lui-même d’abaisser toutes les barrières et de combler tous les fossés, pour permettre ces retrouvailles entre lui et son peuple : à la misère, à l’esclavage succéderont le bonheur et la liberté ; à la tristesse, la joie ; à l’humiliation, la fierté retrouvée.

C’est un message de joie adressé aux hommes et en particulier à ceux qui portent la robe de la tristesse et de la misère.                                                                                    Mais comment dire la joie et la gloire sans combattre les causes qui engendrent tristesse, misère et humiliation ? Continuer la lecture

32e dimanche dans l’année B – 7 novembre 2021

1 R 17, 10 – 16 ; He 9, 24 – 28 ; Mc 12, 38 – 44.

« Cette veuve pauvre a mis dans le Trésor plus que tous les autres ».

Frères et sœurs,

Le Christ aujourd’hui nous révèle une belle qualité de son divin cœur. Il ne nous juge pas selon nos apparences, mais il voit ce que nous sommes réellement au fin fond de nous-mêmes.

Deux figures des veuves dominent aujourd’hui la liturgie de la parole : la veuve de Sarepta dont la générosité est récompensée grâce au prophète Elie et la femme pauvre qui selon l’Evangile de Marc, vient déposer deux piécettes dans le tronc du Temple.

La grande question que nous pouvons dégager de ces textes est « quel est le critère de notre générosité ? : la quantité de ce que nous donnons ou l’intention avec laquelle nous donnons ».

La première lecture nous raconte qu’en période de sécheresse, la veuve de Sarepta se montre généreuse envers le prophète Elie et le nourrit en utilisant la réserve de nourriture qu’elle avait gardé pour son fils et pour elle-même.

En effet, la veuve de Sarepta était étonnée de réaliser que sa réserve de farine et d’huile ne s’épuisait pas. Et ce miracle nous apprend que le Seigneur agit toujours en faveur de ceux qui se désencombrent d’eux-mêmes pour combler les autres. Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir. Et lorsqu’on donne librement d’un cœur généreux, dans l’intention d’offrir à Dieu, on peut être béni par le Seigneur lui-même. Continuer la lecture

28e dimanche dans l’année B – 10 octobre 2021

Sg 7, 7-11 ; He 4, 12-13 ; Mc 10,17-30

                   « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? ».

Chers frères et sœurs,

Les textes de ce dimanche nous invitent à examiner nos relations par rapport à la richesse matérielle, par rapport au prochain et par rapport à Dieu.

L’épisode de la rencontre entre le jeune homme riche et Jésus révèle que la richesse matérielle ne rend pas nécessairement heureux. Voilà pourquoi ce jeune homme riche trouvant que sa richesse ne lui procurait pas le bonheur, alla rechercher le bonheur suprême ; malheureusement il n’était pas capable d’abandonner sa richesse tant il y était attaché. Il accourt vers Jésus avec une question brûlante. C’est une question à laquelle nous devons tous répondre un jour ou l’autre dans notre existence.

Qu’est-ce qui m’attend après la mort ? Continuer la lecture