6e dimanche de Pâques C – 22 mai 2022

Chers frères et sœurs,

L’église est née à la Pentecôte, nous avons aujourd’hui dans les lectures la promesse que le Père enverra l’Esprit-Saint, le Défenseur qui accompagnera son église aux longs des siècles, à travers l’histoire. C’est aussi la certitude que L’Esprit-Saint est dans l’église et la guide à travers les siècles.

Comme les premières communautés de l’église, nous vivons, nous aussi, dans une période de grandes turbulences. L’assistance dominicale est plus restreinte, les paroisses gèrent la décroissance avec difficulté, les églises se vident et se vendent parfois, les communautés se regroupent pour former des unités pastorales, le personnel sacerdotal diminue de façon alarmante.

L’Esprit-Saint, notre Défenseur, nous aidera à traverser ce temps d’incertitudes et à trouver des nouvelles solutions aux besoins d’aujourd’hui. Et Il nous conseillera sur ce qu’il y a à conserver dans la tradition et nous donnera le courage de laisser tomber ce qui ne répond plus aux besoins de notre temps d’où l’importance des actions comme la synodalité lancée par le pape François. Il faut y croire !

L’église n’est pas à sa première crise, le texte des actes des apôtres dans la première lecture raconte la crise de la circoncision, qui a provoqué un changement majeur chez les chrétiens de la première génération. Les conservateurs de la communauté voulaient obliger tous les nouveaux baptisés à suivre les règles de la religion juive et se faire circoncire…et tant d’autres obligations à suivre. Paul et Barnabé n’étaient pas d’accord. L’Esprit-Saint a permis alors de trouver un compromis et ce fût le premier Concile de Jérusalem.

L’église a connu des centaines et des centaines de changements à travers les siècles, c’est là un signe de vitalité et de capacité de s’adapter aux besoins du temps.

Quels pourraient être les changements que nous croyons importants aujourd’hui ?

Selon moi, beaucoup de choses.

Le message du Christ n’est pas lié à une seule langue, culture, liturgie, une seule façon de faire, un seul modèle d’église. L’église est ouverte à tous et L’Esprit-Saint souffle où il veut.

Dieu nous parle à travers les situations changeantes et nous invite à vivre notre foi dans un monde en constante évolution. Cet Esprit est pour nous source de vie nouvelle. Il nous guide, nous accompagne et nous donne courage de faire face à toutes les situations difficiles de nos vies.

« Soyez sans crainte, le Défenseur, L’Esprit-Saint vous enseignera tout ce que je vous ai dit  » dit le Seigneur. Amen.

Abbé Jeannot-Basile Nduwa Kakwata

2e dimanche de Pâques C – 24 avril 2022

Chers frères et sœurs,

Quand St Jean écrit son évangile, ça faisait déjà 60 ans que Jésus était mort et ressuscité. Donc 60 ans que les chrétiens se réunissaient chaque dimanche pour fêter la présence du Christ parmi eux. Et cette rencontre du premier jour de la semaine, apportait, dimanche après dimanche, la joie, la paix et le don de l’Esprit-Saint.

Chers frères et sœurs, la joie Pascale, la joie chrétienne est une joie profonde. Non pas la joie que nous ressentons tout naturellement quand tout va bien, quand nous sommes en bonne santé pleins de projets alléchants.

La joie de la résurrection, disait Ste Catherine de Gênes : » c’est celle qui vient lorsque tout semble mal tourné avec la souffrance, la maladie, l’angoisse, la peur, le désarroi. C’est la joie fondée sur la confiance que nous avons en Jésus mort et ressuscité, cette joie apporte avec elle une paix intérieure profonde.

Aujourd’hui, jésus nous confie une mission qui doit être vécue non seulement à l’église le dimanche, mais dans la vie de tous les jours, à la maison, au travail, avec les amis, en vacances, en temps de prospérité comme en temps des crises, des maladies ou catastrophes. Nous sommes invités à prolonger la mission que le Père avait confiée à Jésus.

Frères et sœurs, à côté de la mission reçue de Jésus, la liturgie d’aujourd’hui nous présente aussi une figure bien intéressante, celle de Thomas. Un personnage si vrai, si spontané que le langage populaire s’en est emparé. Pour désigner quelqu’un qui manifeste grande prudence et ne peut avancer qu’un pied après l’autre, on dira volontiers de lui : c’est vrai saint Thomas.

Quelques jours après sa mort, Jésus est apparu une première fois à ses disciples. L’un d’entre eux n’était pas avec eux à ce moment-là. Tous lui disent qu’ils ont vu Jésus vivant. Thomas hésite. Puis, au lieu de se joindre à la joie de tous, il déclare que tant qu’il ne l’aura pas vu de ses yeux, il ne pourra croire.

Chers frères et sœurs, cet épisode est très fort puisqu’il introduit une note négative dans un contexte de joie qui pourrait paraître euphorique et merveilleux. Un accent réaliste, pessimiste dans un ensemble fait de joie.

L’exaltation collective est ainsi exorcisée et ce n’est pas le moindre intérêt de ce point du récit, il en est pourtant un autre qui nous interpelle.

Thomas nous dit que l’acte de foi n’est pas facile. Peut-être à force d’habitude et de routine (dans nos liturgies et célébrations), le mot résurrection ne nous dit plus aberration de cette affirmation : le seigneur est ressuscité.

Et pourtant l’aberration c’est la foi en la résurrection. Le naturel, le normal c’est l’incrédulité. Et les premiers chrétiens le comprirent bien.

Aujourd’hui dans une affirmation faussement évidente, on peut penser qu’il était simple de croire.

Aujourd’hui, c’est bien heureux d’en être conscient, cette fausse évidence est levée. Non seulement nos sociétés s’installent dans l’incroyance, mais encore, ce sont les croyants qui passent pour être des fous. Mais si nous croyons que la foi chrétienne est un don de Dieu, même pour les apôtres, notre énergie peut être la même et nous pouvons devenir, à notre tour, des fondateurs d’églises en notre 21ème siècle comme le veut notre pape François en lançant la synodalité dans notre église.

Nos lenteurs à croire comme ce fut le cas de Thomas, se trouvent elles-mêmes converties en grande compréhension pour tous ceux à qui, mystérieusement, le même don n’a pas encore été fait.

Le Christ nous invite aujourd’hui à créer avec lui un monde nouveau, un monde de paix, de Fraternité et d’amour.

Abbé Jeannot-Basile Nduwa.

4e dimanche de carême C – 27 mars 2022

Chers frères et sœurs,

Il nous est proposée aujourd’hui la merveilleuse parabole de l’enfant prodigue. Il vaudrait mieux peut-être l’appeler la parabole des deux enfants perdus pour le cœur de leur père.

Le premier de deux fils, nous le connaissons davantage. Quelle est donc sa faute ? Nous nous rappelons sa vie dissolue dans son pays d’immigration. Pourtant, son péché le plus grave, celui qui a rompu le lien avec son père, n’est pas là. Il est d’avoir considéré son héritage comme un dû. Plus fort que le lien à son père, son égoïsme le pousse à traduire tout en termes de propriété et donc d’exigence envers son père. Le départ loin de la maison familiale symbolise bien cette rupture du cœur. Le père obéit aux exigences du fils. Il partage son bien et donne sa part à chacun de ses enfants. Il ne résiste pas. L’amour ne se négocie pas.

Le second fils, lui, ne part pas. On pourrait penser qu’il s’agit d’un bon fils. Lui-même le pense. Mais sa fidélité devient pour lui une prétention. Lorsqu’il entend les réjouissances organisées pour le retour de son frère, il se met en colère et dévoile le fond de son cœur. A son tour, il manifeste, et avec colère, ses exigences. Il déroule devant son père, la liste de ses mérites. C’est dire combien il pense que sa fidélité lui confère des droits sur son père. Lui aussi, tout comme son frère pense en termes de propriété. Il place sa propre personne au centre de tout débat. Son enfermement sur lui-même lui interdit de se réjouir du retour du prodigue. Il est enfermé dans sa suffisance.

C’est vrai qu’il n’est pas toujours facile de percevoir la malice de cette attitude. Elle est toute drapée de vertu, de fidélité, de respect et de labeur. Le malheur est que ces bonnes choses sont toutes centrées sur l’égoïsme. L’intention qui les habite n’est pas droite. Elle est tout entière retournée sur soi. On affirme avoir donné. Or ces dons avaient pour but d’obtenir, en retour, des droits absolus sur la personne que l’on prétendait servir et aimer.

Chers frères et sœurs, c’est le drame du monde qui est ici soulevé par Jésus. D’un côté, le fils de Dieu entrevoit l’immense foule de tous ceux qui se sont éloignés de la maison du Père, emportant avec eux tous les dons de Dieu que sont la vie, le travail, la joie et tant de choses Tous ces biens sont des dons du créateur. La foule des prodigues les utilise désormais de manière égoïste puisqu’ils sont incapables de reconnaître leur créateur et père dont ils ont oublié même le nom. Au cœur de cette foule un petit peuple, le peuple de Dieu. Il connaît son créateur et père. Il honore son nom, il pratique son culte et observe sa loi. Mais son cœur, où est-il ?

Sa fidélité, son observance, beaucoup parmi ce peuple s’en servent à leur profit. Ils sont convaincus que leur fidélité même crée des obligations à Dieu. Puisqu’ils sont fidèles, Dieu leur doit le salut. Et il n’est pas question de partager ce qu’ils considèrent comme un privilège avec ces sous-hommes que sont les païens. Si le messie doit venir, c’est pour eux, il devra condamner tous ceux qui n’ont pas observé la loi.

Sans doute n’avons-nous pas grand effort à faire pour nous sentir concernés par la première partie de la parabole. Comme l’enfant prodigue, nous avons aussi dilapidé notre héritage. Comme lui, nous avons fui la maison paternelle. Mais nous sommes également concernés par le deuxième volet de la parabole. Nos moments de fidélité, en effet, peuvent devenir pour nous, source d’orgueil spirituel et fondement d’exigences que nous aurions sur Dieu.  » merci, Seigneur, disait le pharisien, de ne m’avoir pas fait comme les autres hommes qui sont voleurs impies, etc…

Que le Père de miséricorde pardonne en nous l’enfant prodigue, certes. Mais qu’il pardonne aussi le fils aîné que nous sommes bien souvent.

Qu’il ouvre notre cœur au véritable amour qui considère tout, y compris la fidélité qui peut être la nôtre, comme un don offert à tous nos frères et sœurs sans exclusive aucune. Le don suprême étant celui d’un cœur universel. Amen !

Abbé Jeannot-Basile.

8e dimanche dans l’année C – 27 février 2022

Chers frères et sœurs,

Les textes d’aujourd’hui n’offrent pas une très grande unité. Ils sont représentatifs de toute une série de passages de la Bible qui constituent comme un collier de perles qu’il est bon de contempler l’une après l’autre en prenant son temps.

La plus précieuse est certainement le court passage où Saint Paul chante son hymne à la résurrection. Il conclut, par ces quelques lignes, sa réflexion que nous avons suivie  les dimanches précédents. Aujourd’hui, il n’est pas question de réfléchir, de discuter, d’argumenter,  de chercher à convaincre. On dirait que St Paul, comme après une difficile ascension, se repose enfin sur le sommet. Il s’écrie : « la mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? » Ces phrases sont celles, tout simplement, du chrétien qui se réjouit de la bonne nouvelle qu’il vient d’apprendre : Jésus est ressuscité. Dans sa résurrection il nous entraîne. Nous sommes tout à la joie de ceux qui savent, désormais, que leur peine n’est pas inutile, qu’aucune peine, aucune souffrance n’est inutile. Jésus nous montre, en effet, que sa croix et sa passion ouvrent le chemin de la gloire. Certes, aucune explication n’est donnée qui satisferait les curiosités de notre intelligence. Le problème du mal n’est pas résolu de manière théorique. C’est la confiance en Jésus qui met au cœur du chrétien cette certitude que toute vie a un sens puisque, du creux de la plus difficile impasse que furent les derniers jours de sa vie, jésus est sorti vainqueur pour nous inviter à sa suite.

Une des conséquences de cette certitude est évoquée par la parabole de l’aveugle qui conduit un autre aveugle. Continuer la lecture

4e dimanche dans l’année C – 30 janvier 2022

Chers frères et sœurs,

Le texte, dans la première lecture du prophète Jérémie, a été écrit bien avant la venue de Jésus.

Jérémie est devenu le porte-parole du Seigneur. Le message qu’il doit transmettre, il ne l’a pas, lui, choisi. Sa mission, c’est de parler de la part du Seigneur, c’est de transmettre la parole de Dieu, même si elle ne plaît pas. Il devra parler sans crainte, même au risque de sa vie. Et ce c’est qui est arrivé : il a dû affronter l’hostilité des siens, ils l’ont combattu et persécuté mais rien ni personne ne peut empêcher Dieu de vouloir entrer en relation avec les siens pour nouer une relation d’alliance.

Dans la seconde lecture, nous avons la lettre de St Paul aux corinthiens. Envoyé par le Seigneur pour être l’apôtre des païens (les païens à l’époque de Paul, c’étaient des étrangers par rapport au peuple de Dieu et à sa religion.)

Comme tous les prophètes et comme Jésus lui-même , Paul a dû affronter les persécutions. Il nous avertit dans son hymne à la charité que les chrétiens divisés ou repliés sur eux-mêmes ne seront jamais de la race des prophètes. Il nous invite à ouvrir notre cœur aux dimensions de celui de Dieu.

Dans l’évangile. Afin d’accentuer le rejet de jésus par les gens de son village, St Luc dans son Évangile transforme cette première rencontre de jésus, dans la synagogue, avec les gens de son village et la situe au tout début de la vie publique de jésus. Chez les autres évangélistes, nous retrouvons cet évènement plus tard.

Dans le texte d’aujourd’hui nous avons un aspect de la vie de jésus qui, dans moins de 3 ans, sera condamné et de nouveau chassé hors de la ville pour y être crucifié.

« Chassé hors de la ville symbole cruel de rejet total « . Les lépreux étaient souvent chassés hors de la ville, de même que les malfaiteurs et les condamnés à mort.

En lisant le texte d’aujourd’hui, nous sommes tentés de condamner les gens de Nazareth, la classe politique et religieuse de Jérusalem, tout en nous félicitant, nous les chrétiens, d’accepter Dieu à bras ouverts, d’être di bon côté. Cependant, si nous sommes sincères, nous devrions admettre que souvent beaucoup de chrétiens, comme nous, rejettent Dieu hors de leurs familles, de leurs maisons, de leurs entreprises et de leurs décisions importantes. Nous lui rendons visite une petite heure le dimanche et ensuite nous le laissons dans le tabernacle, lui refusant accès à notre vie de tous les jours après la visite. (Séparation de vie privée et l’Eglise oblige)

Le monde d’aujourd’hui, nous disait notre Évêque dans sa dernière lettre pastorale, lue dans les églises du diocèse (celui de Namur), le monde d’aujourd’hui n’est plus un univers chrétien qu’ont connu nos parents et grands-parents et nous devons vivre en minorité dans la société pluraliste actuelle. Les religions diverses ont fait leur apparition et de nouvelles idéologies et philosophies se rencontrent sur nos places publiques.

Dans ce monde multidimensionnel, nous devons permettre à ceux et celles qui pensent différemment de nous de vivre en paix et d’agir selon leurs convictions. Mais ça ne veut pas dire que nous devons, nous chrétiens, abandonner nos propres croyances, convictions et traditions religieuses. Par exemple : si un non chrétien désire ne pas utiliser le mot « Noël « sur sa carte des vœux ou dans son calendrier, c’est son droit, car, peut-être la fête de la naissance de Jésus n’a pas une résonance chez lui, Cela ne nous oblige pas à faire disparaître tout ce qui nous rattache à notre fête chrétienne, à la vider de son contenu religieux pour manifester notre respect pour les convictions de l’autre.

L’évangile d’aujourd’hui nous provoque et veut nous sortir de la torpeur et de l’indifférence.

Avec les gens de Nazareth, le Christ nous rejoint aujourd’hui, au cœur de notre existence, et il nous invite à le laisser agir dans notre quotidien afin que nous ayons la vie en abondance. Laissons la parole de Dieu pénétrer jusqu’au fond de notre cœur et permettons au Seigneur de nous accompagner tout au long de notre vie.Ne le chassons pas hors de notre ville. Amen

Abbé Jeannot-Basile.

Ste Famille – Dimanche 26 décembre 2021

Chers frères et sœurs,

Cette année la fête de la Sainte famille charpente sa liturgie autour de l’épisode qui, dans St Luc clôture les récits de l’enfance de Jésus. Il s’agit du pèlerinage que firent Jésus, Marie et Joseph à l’occasion des douze ans de l’enfant. Ces journées de joie, d’angoisse et de surprise nous disent beaucoup sur le sens de la famille.

La première chose à remarquer est bien la simplicité avec laquelle la Sainte famille s’acquitte, comme tout le monde, du devoir de pèlerinage qui s’imposait à tout enfant au moment de son adolescence. Il n’y aurait rien de bien extraordinaire dans cet événement si nous ne nous rappelions que l’enfant n’est autre que le fils de Dieu. Pour le chrétien qui lit aujourd’hui ce texte, il apparaît comme une magnifique et toute simple affirmation de l’Incarnation de Dieu. Le Dieu Très Haut a bien voulu se placer en une situation telle qu’Il ait à se soumettre à la loi d’Israël. Le Dieu trois fois Saint, a voulu se faire sujet de la loi. Nous avons vu le fils de Dieu se soumettre aux prescriptions de la loi touchant à la circoncision. À l’heure où se clôture l’enfance légale, comment les parents de jésus n’auraient-ils pas conduit l’enfant jusqu’au temple de Jérusalem ! L’humilité de Dieu est une étrange découverte pour tout croyant en l’Incarnation de Dieu fait homme.

Soudain les choses basculent. Sur le chemin du retour, Marie et Joseph ont perdu l’enfant. Affolés, ils retournent à Jérusalem. Pendant trois jours ils le cherchent avec angoisse. Déjà cette recherche inquiète est d’un enseignement précieux pour nous. Il nous arrive parfois de ne plus voir bien clair dans notre démarche de foi. La paix intérieure, la joie de croire, s’estompent soudain. La tentation se fait toute proche qui peut nous suggérer d’abandonner la foi. On croit avoir perdu Dieu. Combien, et très sincèrement, croient qu’ils se sont trompés de chemin ! Marie et Joseph nous indiquent l’issue hors de cette impasse. Pour eux, la perte de jésus déclenche un douloureux effort de recherche. Ils n’abandonneront que lorsqu’ils auront retrouvé leur enfant. Où est donc leur secret ?

Leur secret est dans le fait que leur lien avec jésus est de l’ordre précisément de la famille.  Leur amour pour jésus est un amour de mère et de père. Rechercher jésus est une question de vie et de mort.

Pour nous, par contre, notre lien à jésus est, bien souvent, abstrait, simplement intellectuel. Notre choix pour lui révélerait plutôt de l’opinion, comme on le dit d’une opinion.  Si la vérité de cette opinion s’estompe, pourquoi n’en changerait-on pas ? Après tout nous sommes libres.

Sans doute ! Mais la foi n’est pas seulement une opinion, même si elle s’accompagne de convictions de cet ordre. La fête d’aujourd’hui nous montre clairement que la foi est d’abord un lien vivant noué avec Jésus, un lien de l’ordre du lien familial. Un lien de Fraternité indestructible avec celui qui nous révèle Dieu précisément comme notre père.

Jésus nous invite à nous libérer de ce Dieu théorique, que l’on appelle le Dieu des philosophes. Pour si noble que soit ce Dieu, Il demeure une notion. Le Dieu de jésus est le Dieu vivant, pleinement engagé par l’Incarnation dans l’histoire des hommes. Notre lien à lui est de l’ordre de la vie. Le perdre de vue ne peut alors que nous engager dans la souffrance et la recherche. Si nous avons le sentiment de l’avoir perdu, c’est sans doute que nous ne sommes plus sur le même chemin que lui.  A nous de tout faire pour retrouver ses sentiers. (cf. Ps 25 4)

Loin d’être la célébration d’un sentimentalisme fade, la fête de la Sainte Famille nous dit la vraie nature de notre relation à Dieu, grâce à Jésus. Parle baptême et la foi, nous sommes de la famille de Dieu, avec le même réalisme et la même force que l’appartenance à notre famille. Nous pouvons avoir des différends avec les nôtres, nous pouvons les renier, les trahir, nous pouvons avoir le sentiment d’être abandonnés. Jamais nous ne pourrons faire que nous ne soyons pas issus de leur sang. Que toutes nos familles soient illuminées de la clarté de Noël. Amen

Abbé Jeannot-Basile Nduwa.

1er dimanche de l’Avent C – 28 novembre 2021

Chers frères et sœurs,

Nous commençons aujourd’hui la nouvelle année liturgique. L’Eglise nous demande, chaque année, de célébrer l’ensemble des mystères chrétiens. Le porche d’entrée est bien l’humble venue du Fils de Dieu en notre terre. Le porche de sortie, que nous célébrions dimanche dernier est la grandiose récapitulation de toute la création et de toute l’histoire dans le Christ Roi de l’univers.

En ce premier dimanche de l’Avent, nous commençons la célébration de Noël. Le prophète Jérémie nous situe devant le cœur du mystère de l’Incarnation. Il le fait grâce à deux expressions qui rythment toute l’annonce de ce mystère dans l’Ancien Testament : la promesse et la justice.

1.la promesse, tout d’abord. Toute la Bible est l’annonce de la promesse de Dieu. Alors que toutes les religions qui se sont multipliées dans l’humanité reposent sur une demande des hommes assortie d’une promesse faite à Dieu par les hommes pour pousser Dieu, à les exaucer. Dans la foi d’Abraham, tout commence par une prière de Dieu adressée à l’homme : fais confiance à ma parole. Et c’est Dieu qui assortit sa prière à l’homme d’une immense promesse : si tu me fais confiance, alors je te comblerai. Continuer la lecture

31e dimanche dans l’année B – 31 octobre 2021

Chers frères et sœurs,

On dit parfois que ce qui distingue l’ancien et le Nouveau Testament, c’est la révélation de l’amour. L’Ancien Testament offrirait aux hommes un Dieu sévère, vengeur, guerrier et qu’il faudrait redouter, alors que le Nouveau Testament présenterait enfin un Dieu qui sait aimer et se faire aimer. La première lecture de ce jour nous montre clairement que ce partage est complètement faux.

Dès l’Ancien Testament, Dieu se révèle comme un Dieu qui aime. Il faut se rappeler l’Exode. Tout au long des quarante années de désert Dieu s’occupe de son peuple comme une mère s’occupe de son nouveau-né, le nourrissant et le désaltérant jour après jour. Osée et Jérémie, n’hésitent pas à comparer les relations de Dieu avec les hommes à l’amour fou d’un fiancé pour sa fiancée. C’est bien l’Ancien Testament qui nous offre le magnifique poème qu’est le Cantique des Cantiques. Continuer la lecture

27e dimanche dans l’année B – 3 octobre 2021

Chers frères et sœurs,

Les textes de la liturgie nous proposent de méditer sur le couple humain. Une page de la Genèse, une page du Nouveau Testament. Ce choix, déjà, nous indique combien le mystère de l’homme et de la femme occupe pratiquement, de manière explicite ou implicite, l’ensemble de la Bible, depuis son commencement dans la genèse jusqu’à son accomplissement dans l’évangile. De fait, la Bible n’a pas d’autre but que de nous dire l’histoire du salut. Or c’est bien du salut de l’homme et de la femme qu’il s’agit.

Le premier texte nous dit l’égalité de l’homme et de la femme. Pour l’entendre, il faut oublier certaines interprétations fallacieuses de ce récit de la création qui ne disent qu’une chose : l’inculture de leurs auteurs. On voudrait nous faire croire que la femme est inférieure à l’homme parce qu’elle fut tirée d’une côte d’Adam. Or pour peu que l’on connaisse la culture sémite, c’est tout le contraire qui est évident. Le fait que Dieu tire la femme du corps de l’homme n’indique qu’une chose : la femme et l’homme sont de même nature, ils sont du même corps. Continuer la lecture

23e dimanche dans l’année B – 4 septembre 2021

Aujourd’hui, trois textes nous sont proposés qui convergent vers un enseignement essentiel. Isaie nous parle des signes auxquels on pourra reconnaître le Messie. St Jacques nous fait honte en nous montrant comment nous traitons les pauvres. St Marc lui, nous raconte un miracle de jésus.

Essayons maintenant de voir le lien qui unit ces trois textes.

Commençons par la lettre de St Jacques.

Une courte évocation nous met en face d’une vérité en laquelle nous n’aurons pas grand mal à nous reconnaître.

N’est-il pas vrai que nous sommes sensibles aux signes extérieurs lorsque nous traitons avec les gens ? Dès que quelqu’un est paré de quelque élément de richesse, argent, culture et savoir, autorité, aussitôt, cela déclenche en nous de réflexes de respect, de timidité, voire obséquiosités. Ces personnes-là font attention à nous, cela nous honore, pour le moins cela nous intéresse. St Jacques nous réveille en nous montrant combien il nous est facile de juger les gens sur accessoire. Il nous redit comment Dieu, lorsqu’il vint chez les hommes, choisit d’abord les pauvres. Bergers à la crèche, pêcheurs du bord du lac, voilà les premiers invités à venir à suite.

L’intention de Jacques n’est pas de faire un prône sur la charité. Il ne parle pas aumône. Sa seule intention est de nous montrer où est la dignité, la grandeur de l’homme. Voilà pourquoi la liturgie nous fait entendre le passage d’Isaïe.

Pour le prophète, le pauvre indique à tous ce que Dieu cherche à éveiller en l’homme. Notre véritable richesse n’est pas de l’ordre des biens de la terre, si noble soient-ils. Notre grandeur est dans le fait que Dieu nous appelle à lui ressembler. Notre vraie richesse consiste à écouter cet appel et à y répondre. Ecouter Dieu et répondre à sa parole, cela s’appelle la foi.

Or, n’est-il pas vrai que les richesses, le plus souvent, nous encombrent, nous enlèvent toute disponibilité à autre chose qu’au souci de les conserver et de les accroître ? Le pauvre est plus libre, plus disponible, plus accueillant.

Pour autant, l’évangile ne fait pas l’apologie de la pauvreté. Tout au contraire la Bible est une immense lutte contre toutes les formes de pauvreté. La pauvreté demeure un malheur dont il faut délivrer l’homme. Le signe auquel on reconnaît le Messie, l’Envoyé de Dieu c’est bien que les pauvres sont comblés. La pauvreté est le signe de l’homme déchu qu’il faut à tout prix relever. Le but de Dieu envoyant son Messie est de bien délivrer l’homme de toute pauvreté. Mais il ne le fera pas n’importe comment. Il est des richesses qui, au lieu de nous guérir, ne réussissent qu’à nous anesthésier sur nos pauvretés véritables.

Le texte de St Marc lui, nous éclaire sur ce sujet. Où est notre véritable pauvreté ?

Dans infirmité qui frappe notre écoute et notre parole. Nous sommes sourds, nous sommes muets. Incapables d’entendre la seule parole capable de nous enrichir, nous demeurons Incapables de dire, à notre tour, la vraie parole qui peut servir nos frères et les libérer. La vraie parole n’est pas celle qui vient de nous. La véritable parole doit, d’abord, être écoutée car elle vient d’un autre, elle vient de Dieu. Seul le Vivant peut dire la vie.

C’est, sans doute, le sens des miracles de jésus. Ils ne sont pas racontés dans l’évangile pour nous émerveiller. Ils sont rapportés afin que nous comprenions où est la source de toute parole vraie. Elle est en Jésus, parole éternelle de Dieu.

Cette parole divine, cette richesse, ne peut être reçue que par ceux qui la désirent fortement. Le sourd-muet de l’évangile comme tout infirme, comme tout malade, porte en lui le désir incoercible de guérir. Cette attente, en creux et en souffrance, peut recevoir la parole de jésus. Son désir était déjà en attente, en coïncidence avec le désir de Dieu. Le drame de nos richesses de la terre, c’est bien de colmater toutes les brèches de notre désir, d’engluer ce désir à des niveaux superficiels, d’éteindre en nous tout autre désir de profondeur, tout désir de Dieu.

Seigneur, rends-nous pauvres, rends-nous attentifs à ton désir de nous sauver. Tu es le seul à pouvoir combler le véritable désir de l’homme.

Abbé Jeannot-Basile.