Chers frères et sœurs,
En ce dimanche des Rameaux, nous entrons avec Jésus dans la ville sainte de Jérusalem. Les foules l’acclament, les rameaux se lèvent, et les cœurs vibrent d’espérance. Pourtant, cette joie est teintée de gravité, car nous savons que cette entrée triomphale n’est que le début d’un chemin de souffrance : la croix se dresse à l’horizon.
Le thème qui nous rassemble aujourd’hui, « Pèlerins d’espérance, la marche vers la résurrection passe par la croix », nous invite à méditer sur la tension profonde entre gloire et douleur, entre lumière et ténèbres. C’est cette tension qui fait de nous des pèlerins, non pas des spectateurs, mais des participants au mystère pascal.
Le pèlerinage : marcher avec le Christ jusqu’au bout
L’Évangile de Luc (Lc 19, 28-40) nous montre Jésus entrant à Jérusalem, monté sur un ânon, accueilli par une foule enthousiaste. Cette scène symbolise notre propre pèlerinage : comme les foules, nous sommes invités à accueillir Jésus, à le suivre dans la confiance, même si nous ne comprenons pas pleinement où il nous conduit. La foi est un chemin, souvent obscur, mais illuminé par la présence du Christ.
Jésus n’évite pas la ville sainte, il ne contourne pas les conflits. Il entre dans Jérusalem, sachant qu’il y sera rejeté, condamné, crucifié. De même, notre marche de foi n’est pas un rêve idéaliste : elle passe par nos croix personnelles, nos épreuves, nos combats. Être pèlerin du Christ, c’est choisir de ne pas fuir la réalité, mais de l’habiter avec courage et foi.
Le pèlerinage n’est pas sans but. Nous avançons vers Pâques, vers la victoire de la vie sur la mort. Même si le chemin est dur, il est porteur d’une espérance indestructible. Nous ne sommes pas abandonnés ; Jésus est avec nous à chaque pas. Sa croix devient notre soutien, et sa résurrection notre horizon.
L’espérance chrétienne : force dans l’épreuve, lumière dans la nuit
Dans le récit de la Passion selon saint Luc (Lc 22,14 – 23,56), Jésus est trahi, jugé injustement, moqué, et mis à mort. Pourtant, il reste ferme, confiant en son Père. Son espérance ne repose pas sur les circonstances, mais sur la fidélité inébranlable de Dieu. Cette même espérance est offerte à chacun de nous. Elle ne nie pas la souffrance, mais elle l’éclaire d’un sens nouveau.
Nos propres croix (maladies, deuils, trahisons, pauvretés) peuvent devenir lieux de passage, non de fin. En Jésus, elles prennent un sens : elles deviennent chemins de transformation. Il ne nous promet pas d’éviter la souffrance, mais de la traverser avec lui, et de la vivre comme offrande. Chaque douleur peut être féconde lorsqu’elle est unie à celle du Christ.-
Quand nous croyons que la vie a un sens, que la résurrection est au bout du chemin, alors nous pouvons aimer, servir, pardonner. L’espérance chrétienne est contagieuse : elle allume la joie là où règnent les ténèbres. Elle est la lumière portée par les pèlerins qui avancent, même dans la nuit.
La croix : passage obligé, mais non ultime
Aux yeux du monde, la Passion semble une défaite. Mais pour nous, croyants, elle est la révélation suprême de l’amour. Jésus donne sa vie librement. Il accepte la croix, non par fatalisme, mais par amour pour nous. Il transforme l’instrument de mort en instrument de salut.
Jésus nous a dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix chaque jour » (Lc 9,23). Cela ne signifie pas rechercher la souffrance, mais accepter, avec foi, de suivre un chemin exigeant. Dans nos vies, la croix peut prendre bien des formes. Mais en les portant avec Jésus, elles deviennent chemin de vie.
Le mystère pascal ne s’arrête pas au Vendredi saint. Le matin de Pâques vient illuminer tout ce qui précède. Ainsi, nous comprenons que la croix n’est pas la fin de l’histoire, mais son tournant. C’est à travers elle que s’ouvre la vie nouvelle. Pour nous aussi, la résurrection est promise, déjà en germe dans chaque acte de foi, chaque pardon, chaque espérance.
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Frères et sœurs, nous sommes des pèlerins d’espérance. Ce chemin n’est pas facile, il passe par la croix. Mais il est porteur d’une promesse : celle de la vie en plénitude, de la victoire de l’amour sur la haine, de la lumière sur les ténèbres
En cette Semaine Sainte qui s’ouvre, suivons Jésus jusqu’au bout. Ne restons pas au bord du chemin. Engageons notre cœur, notre foi, notre vie. Portons nos croix avec confiance, en gardant les yeux fixés sur la lumière du matin de Pâques.
Seigneur Jésus, Toi qui es entré à Jérusalem avec courage et humilité, donne-nous de marcher avec toi sur le chemin de la croix, avec foi, espérance et amour. Apprends-nous à porter nos croix avec confiance, à y découvrir ta présence, et à attendre, dans la nuit, la lumière de ta résurrection. Fais de nous des témoins de ton espérance, au cœur du monde d’aujourd’hui. Amen.
Cette semaine, engageons-nous à vivre chaque jour comme un pas vers Pâques. Choisissons un acte concret : un pardon à offrir, une prière à intensifier, un service à rendre. Et rappelons-nous : la croix n’est pas la fin, elle est le passage vers la vie. Soyons des pèlerins d’espérance !
Abbé Etienne KAOBO SUMAIDI
Gembloux, le 13/04/2025