5ème dimanche de Carême C – Pèlerins d’espérance, avec la miséricorde infinie de Dieu, changeons notre regard sur les autres et sur nous-mêmes ! »

(Isaïe 43, 16-21 ; Psaume 125 ; Philippiens 3, 8-14 ; Jean 8, 1-11)

Chers frères et sœurs,

Le Carême est un pèlerinage. Non pas un simple déplacement géographique, mais un chemin intérieur, une marche de transformation. À mesure que nous avançons vers la lumière de Pâques, l’Église nous invite aujourd’hui à vivre ce temps comme des pèlerins d’espérance, portés par la miséricorde infinie de Dieu.

Le récit de la femme adultère dans l’Évangile de Jean (8, 1-11) illustre avec force ce regard divin qui ne condamne pas mais qui relève, qui ne fixe pas sur le passé mais ouvre un avenir. Il nous pousse à changer de regard : sur les autres, mais aussi sur nous-mêmes.

La miséricorde de Dieu, source de notre espérance

Dans la première lecture, le prophète Isaïe annonce une nouveauté radicale : « Ne vous souvenez plus des événements passés… Voici que je fais une chose nouvelle. » (Is 43, 18-19). Dieu ne se lasse jamais de nous ouvrir un chemin, même dans le désert de nos fautes. Il vient toujours à notre rencontre, non pour condamner, mais pour sauver.

Dans l’évangile, les scribes et les pharisiens cherchent à piéger Jésus à propos d’une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Mais Jésus ne répond pas par la loi froide. Il répond par un silence chargé de vérité, puis par une parole qui libère : « Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre. » Ce geste révèle que la miséricorde ne nie pas la faute, mais qu’elle dépasse la justice humaine pour offrir un salut.

Le pardon de Dieu n’est pas un simple oubli, c’est une recréation. Jésus dit à la femme : « Va, et désormais ne pèche plus. » Il ne l’enchaîne pas à son passé, il l’ouvre à un avenir. Voilà la nature de l’espérance chrétienne : elle jaillit de la miséricorde et change notre route.

Changer notre regard sur les autres : de la condamnation au relèvement

Les accusateurs de la femme sont nombreux, et pourtant ils quittent les lieux un par un, « en commençant par les plus âgés ». Ce détail souligne combien nos jugements sont souvent teintés de nos propres faiblesses. Jésus nous appelle à la compassion plutôt qu’à la condamnation.

Changer de regard, c’est apprendre à voir l’autre comme un frère ou une sœur en chemin, non comme un cas à juger. C’est voir en chacun une histoire, une blessure, un espoir. La miséricorde de Dieu nous enseigne à poser un regard qui relève, qui écoute, qui accompagne.

Nous sommes appelés, en tant que communauté chrétienne, à être un lieu d’accueil et de relèvement. Comme Jésus, soyons ceux qui se penchent, qui écrivent dans le sable, qui tendent la main. En ce temps de Carême, faisons de nos paroisses des haltes de miséricorde pour tous les pèlerins en quête de lumière.

Changer notre regard sur nous-mêmes : se voir à la lumière de Dieu

Comme Paul dans la lettre aux Philippiens, nous pouvons dire : « Je ne suis pas encore parvenu au but. » (Ph 3, 13). Reconnaître nos limites n’est pas une faiblesse, c’est une ouverture à la grâce. Le Carême nous invite à cette humilité féconde, qui ouvre la porte à la conversion.

Souvent, nous nous jugeons durement. Mais Dieu ne veut pas que nous restions prisonniers de la culpabilité. Il veut nous guérir, nous restaurer, nous réconcilier avec nous-mêmes. L’espérance passe aussi par ce pardon que nous devons nous accorder, en accueillant le regard aimant du Père sur nos vies.

Paul nous invite à oublier ce qui est en arrière et à tendre vers l’avant. En regardant le Christ, nous trouvons la force de continuer, de grandir, d’aimer. C’est le regard de Jésus qui nous transforme, qui nous oriente vers la vie nouvelle. Soyons des pèlerins confiants, même au cœur des combats.

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Frères et sœurs,

Aujourd’hui, l’Évangile nous enseigne que personne n’est irrémédiablement perdu. Avec la miséricorde infinie de Dieu, il est toujours possible de se relever, de recommencer, de changer de regard. Sur les autres, en cessant de juger. Sur nous-mêmes, en cessant de désespérer.

Pèlerins d’espérance, laissons-nous conduire par l’amour qui sauve. Engageons-nous, à la suite du Christ, sur ce chemin de transformation intérieure et communautaire.

Seigneur Jésus, Toi qui as relevé la femme pécheresse sans la condamner,
donne-nous ton regard de miséricorde. Aide-nous à voir en chaque personne une histoire sacrée, à accueillir ton pardon pour nous-mêmes, et à marcher avec espérance vers la lumière de Pâques. Fais de ton Église un foyer de tendresse et de relèvement. Amen.

Cette semaine, que chacun de nous pose un geste concret de miséricorde : un pardon offert, un regard bienveillant posé sur quelqu’un, ou un acte d’amour gratuit. Ainsi, notre espérance deviendra lumière pour le monde.

Abbé Etienne KAOBO SUMAIDI
Gembloux, le 05/04/2025