Chers frères et sœurs,
Les textes de la liturgie nous proposent de méditer sur le couple humain. Une page de la Genèse, une page du Nouveau Testament. Ce choix, déjà, nous indique combien le mystère de l’homme et de la femme occupe pratiquement, de manière explicite ou implicite, l’ensemble de la Bible, depuis son commencement dans la genèse jusqu’à son accomplissement dans l’évangile. De fait, la Bible n’a pas d’autre but que de nous dire l’histoire du salut. Or c’est bien du salut de l’homme et de la femme qu’il s’agit.
Le premier texte nous dit l’égalité de l’homme et de la femme. Pour l’entendre, il faut oublier certaines interprétations fallacieuses de ce récit de la création qui ne disent qu’une chose : l’inculture de leurs auteurs. On voudrait nous faire croire que la femme est inférieure à l’homme parce qu’elle fut tirée d’une côte d’Adam. Or pour peu que l’on connaisse la culture sémite, c’est tout le contraire qui est évident. Le fait que Dieu tire la femme du corps de l’homme n’indique qu’une chose : la femme et l’homme sont de même nature, ils sont du même corps.
Un deuxième élément indique la même dignité de la femme. Lorsque Dieu fait défiler les animaux devant l’homme afin qu’il trouve, parmi eux, un compagnon qui l’arrache à sa solitude, l’homme donne un nom à chacun. Il se considère supérieur à eux car c’est cela, donner un nom. L’homme n’en trouve aucun qui puisse devenir son compagnon. Par contre, lorsque, l’homme découvre la femme que Dieu vient de créer, il ne lui donne pas un nom. Il lui donne son propre nom « Ish »mis au féminin « Ishsha » pour marquer la différence. La langue française ne permet pas de repérer cela. Le mot hébreux « Ish » que nous traduisons par homme et celui que nous traduisons par femme sont un, seul et même mot à la dernière lettre près « Ishsha « . Lorsque Adam s’écrie, à la vue de la femme : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair, » il ne dit qu’une chose : voici un autre moi-même.
Chers frères et sœurs,
C’est sur ce texte, et quelques autres semblables que s’appuie la doctrine de l’église sur le mariage. L’égalité de l’homme et de la femme, réaffirmée par Jésus dans le Nouveau Testament, exige que chacun de deux se considère comme pleinement engagé envers l’autre. Chacun des deux a le même droit à la fidélité de l’autre. Or c’est vrai que du temps de Jésus, on vivait sur une vieille tradition qui permettait à l’homme de répudier sa femme mais qui interdisait l’inverse. Cette différence de traitement, donc aussi de considération, Jésus la refuse et déclare que si Moïse a autorisé cela, ce fut pour un temps, à cause de la nuque raide des ancêtres. Ce qui guide Jésus dans son refus d’avaliser cette tradition, c’est bien l’égalité en dignité de la femme et de l’homme. « Ils ne font plus qu’un. Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. »
Si le mariage est reconnu par les catholiques comme authentique Sacrement, c’est parce que sa symbolique est une image réelle de ce qui se joue entre Dieu et l’humanité. Homme et femme prennent l’audace de réconcilier, dans le couple, la plus indélébile des différences qui sépare l’humanité en deux, la différence sexuelle.
Par son existence, le couple humain démontre que la plus grande différence peut être surmontée par l’amour et devenir ainsi source de joie et de fécondité. La grâce du couple peut alors être répandue sur toutes les autres différences qui clivent l’humanité, la race, l’origine sociale, etc.…Toutes ces différences, sans être niées, au lieu de demeurer sources d’antagonisme, peuvent devenir source de joie et de fécondité, pour peu qu’elles soient traitées par l’amour.
Chers frères et sœurs,
Jésus mentionne que dans le mariage, la réciprocité doit être totale : les hommes et les femmes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs.
Il n’y a si longtemps un prêtre plus âgé que moi me disait ceci : » si à partir du texte de la parole de Dieu, l’homélie n’est pas une bonne nouvelle, c’est que le Curé n’a pas bien préparé son homélie ou parce que les paroissiens ont mal compris les lectures »
La parole de Dieu n’est pas une leçon mais une bonne nouvelle. Alors quelle est cette bonne nouvelle dans le discours de jésus sur le mariage et le divorce ?
La bonne nouvelle d’aujourd’hui se trouve dans les attitudes et les valeurs que jésus nous propose sur le mariage. Pour lui, le mariage n’est pas un contrat mais une alliance, et dans l’alliance les personnes sont toujours plus importantes que les institutions. Le christ est celui qui s’occupe d’abord des personnes avant d’accuser et de lancer des pierres.
L’expérience nous enseigne que dans les couples, toutes sortes de situations déplorables se développent : ça ne fonctionne pas toujours comme on l’avait prévu, les gens font des graves erreurs, il y a des infidélités, l’oppression et la violence à l’intérieur des familles, les incompréhensions et les violences mortelles. Il en résulte des séparations et les divorces, ensuite, il existe certains couples qui ne se séparent pas mais qui ne se parlent plus, qui refusent de se pardonner, de se réconcilier, de reprendre le dialogue.
L’union entre deux personnes ne dépend pas seulement du « oui » prononcé au cours de la cérémonie du mariage…il faut le renouveler tous les jours. S’il est beau de voir un couple s’unir dans un mariage, c’est encore plus beau de célébrer les 30e,40e, 50e anniversaire de mariage d’un couple qui a toute une vie commune à son compte.
L’amour est comme le feu. Si l’on ne veut pas qu’il meurt, il faut l’entretenir. D’où l’importance des gestes d’affection, du dialogue, des cadeaux, des mots de tendresse. Le mariage, dans le plan de Dieu, c’est quelque chose de beau, de sérieux qui doit se construire au jour le jour. C’est plus qu’un contrat, c’est une alliance. Pour Jésus, l’amour est fondé sur la tendresse de cœur et non sur un rapport de force, l’amour ne peut se vivre que dans la réciprocité et l’égalité.
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il les créa, homme et femme il les créa » C’est l’idéal présenté par le Seigneur sur l’institution du mariage. Mais il sera toujours plein de tendresse pour tous, incluant les divorcés et les partenaires de mariages brisés. Les paroles de Jésus sont encore aujourd’hui une bonne nouvelle pour tous. Amen !
Abbé Jeannot-Basile Nduwa.