Mardi 7 avril. Deux cloches au programme de ce soir : Joseph et Benoît, soit une quarte mi-la.
Cette semaine sainte qui se terminera par Pâques est l’occasion de revenir sur le lien historique de la Ville avec l’abbaye, des rapports entre le civil, temporel, et le spirituel qui sont encore illustrés de nos jours par les cloches dont la Ville partage l’usage avec la paroisse.
A Gembloux, qui détient historiquement le pouvoir et comment est organisée la vie locale ?
Dès sa fondation, l’abbaye de Gembloux s’est vue doter d’importantes propriétés et reconnaître de nombreux privilèges, notamment par ce qu’on appelle la charte d’Otton. Les moines prirent soin de faire confirmer à plusieurs reprises ce diplôme aux origines controversées tant il était profitable à Gembloux en termes d’autonomie et d’exemption de taxes.
C’est donc l’abbé, seigneur de la Terre de Gembloux, qui détient le pouvoir. La charte lui octroie des prérogatives que seuls les comtes possèdent, et même davantage. Il siège d’ailleurs comme premier noble aux états de Brabant, sorte de parlement, et non parmi les membres du clergé. Au XVIe siècle, les choses sont reconnues et la Terre de Gembloux est érigée en Comté. L’abbé est abbé-comte.
Voici qui nous en dit plus sur quatre noms de rue…
L’abbé exerce la justice à travers des échevins et un maïeur, ce dernier devant veiller aux poursuites et à l’exécution des peines. Le maïeur, ou bailli, est aussi chargé de l’administration générale du domaine. Un bourguemaître est préposé à l’entretien des routes et au maintien de la propreté et de la sécurité. Tout ce petit monde est désigné par l’abbé et révocable par lui à tout instant.
Une forme de consultation de la population est organisée sur certaines grandes questions, l’exploitation du domaine procure de l’emploi, les plus nécessiteux sont épaulés, notamment par la table des pauvres.
Les privilèges et le mode de fonctionnement semblaient convenir à la plupart. Ceci explique probablement pourquoi nulle opposition digne de ce nom ne se soit organisée pour contester les choses. A l’arrivée des révolutionnaires français, ceux-ci furent d’ailleurs plutôt repoussés jusqu’à ce qu’ils parviennent à s’imposer et implanter les bases du fonctionnement local que nous connaissons encore aujourd’hui.
Il n’est donc guère étonnant qu’à Gembloux les mêmes cloches servaient au culte et aux besoins civils.
Illustration : La construction de l’abbaye, dessin commandé par l’abbé Antoine Papin, XVIe s., dans La Geste des abbés de Gembloux, par Jean-Paul Straus, éditée par le Cercle royal ‘Art et Histoire’ de Gembloux, 2012, p. 29 – article Manu Delsaute