4e dimanche de Carême C – Pèlerins d’espérance : Dieu redonne vie et sens à notre existence

(Josué 5, 10-12 ; Psaume 33 ; 2 Corinthiens 5, 17-21 ; Luc 15, 1-3.11-32)

Chers frères et sœurs,

En ce 4e dimanche de Carême, souvent appelé dimanche de Laetare, l’Église nous invite à une joie anticipée, au cœur même de notre marche pénitentielle vers Pâques. Cette joie ne vient pas de nous, mais de Celui qui, par amour, redonne vie à ceux qui étaient perdus et sens à ceux qui erraient sans direction. Nous sommes tous, en vérité, des pèlerins d’espérance, avançant avec foi vers le Christ ressuscité, source de toute vie.

Les lectures de ce jour nous révèlent un Dieu qui restaure, qui pardonne et qui appelle à une vie nouvelle. Oui, Dieu ne se contente pas de nous réconcilier avec Lui ; il nous relève, il nous recrée, il fait de nous des êtres nouveaux.

Dieu interrompt l’errance pour ouvrir un avenir

Dans la première lecture tirée du livre de Josué, le peuple d’Israël vient d’entrer en Terre promise. Un événement symbolique marque ce moment : la manne cesse de tomber. Pendant quarante ans, elle avait nourri le peuple au désert, signe de la présence fidèle de Dieu dans leur errance. Mais maintenant, le peuple est appelé à une nouvelle étape, celle de l’installation, de la maturité, de la responsabilité.

Dieu ne nous laisse pas dans une routine spirituelle. Il interrompt parfois nos habitudes pour nous faire entrer dans un temps nouveau, pour que nous grandissions dans la foi. Ce moment marque la fin de la dépendance passive et le début d’un pèlerinage plus intérieur, plus conscient, où chaque pas est nourri par la Parole et la confiance.

Ce passage de la manne à la nourriture de la terre évoque notre propre croissance spirituelle. Comme Israël, nous avons tous connu des temps de désert, mais Dieu nous appelle à ne pas rester figés dans le passé. Il redonne un avenir à ceux qui espèrent, il donne un sens à ce qui semblait vide. Il nous dit : « Avance, je marche avec toi ! »

Le pardon de Dieu est source de renaissance

Dans l’Évangile, Jésus nous raconte l’histoire bouleversante du fils prodigue. Cet enfant qui s’égare, gaspille tout, et revient, non par mérite mais par détresse. Et pourtant, le père ne l’accueille pas avec jugement, mais avec une joie débordante. Il court vers lui, le revêt de dignité, le restaure dans son identité.

Nous sommes tous, à divers moments, ce fils perdu : dans nos errances, nos ruptures, nos doutes. Mais Dieu ne cesse de guetter notre retour. Son amour ne dépend pas de nos performances. Il est celui qui redonne sens à nos vies désorientées, qui restaure notre dignité perdue, qui nous appelle à revivre pleinement.

Comme le dit saint Paul dans la deuxième lecture : « Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. » Ce pardon, cette réconciliation que Dieu nous offre, n’est pas seulement effacement du passé. C’est une recréation, un nouveau départ. Le péché nous isole, mais le pardon nous réinsère dans une communauté, dans une mission, dans un avenir porteur de sens.

De fils retrouvés à témoins d’espérance

Dieu nous réconcilie, et il nous confie un ministère : celui de la réconciliation. Être pardonné ne signifie pas rester passif. Comme Paul nous y invite, nous devenons « ambassadeurs du Christ », porteurs d’un message d’espérance dans un monde blessé, parfois désespéré.

L’aîné du récit évangélique est l’image de ceux qui, enfermés dans une justice rigide, peinent à accueillir la joie du pardon accordé à d’autres. Dieu nous invite à une attitude différente : nous réjouir de la vie retrouvée chez nos frères, devenir des ponts et non des barrières, des sources de lumière et non de jugement.

Dans un monde souvent marqué par la perte de repères, l’indifférence ou la résignation, nous sommes appelés à être des pèlerins d’espérance. Cela signifie : marcher avec foi, porter la lumière du Christ, et témoigner que Dieu donne un sens, même aux nuits les plus sombres. Nous sommes des fils et filles retrouvés, appelés à accompagner d’autres sur le chemin de la Vie.

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Frères et sœurs, ce dimanche de la joie nous rappelle que Dieu ne se lasse jamais de nous redonner vie. À chaque retour, il nous accueille les bras ouverts. À chaque pas vers Lui, il répond par une fête. En Lui, nous sommes recréés, restaurés, envoyés.

Que cette marche de Carême soit pour nous une marche de renaissance, où notre cœur, touché par le pardon, devient témoin de l’espérance. Ne restons pas figés, ne gardons pas pour nous ce que Dieu nous donne. Soyons des pèlerins d’espérance, des porteurs de lumière.

Seigneur notre Dieu, Toi qui redonnes vie aux cœurs brisés et sens à ceux qui errent, accueille-nous dans ta miséricorde infinie. Fais de nous des témoins de ton amour qui relève, des artisans de paix et de joie, et guide nos pas vers la plénitude de la Vie en Jésus-Christ, notre Sauveur. Amen.

Cette semaine, prenons un temps pour revenir au Père, dans la prière ou le sacrement de réconciliation. Et posons un geste concret de réconciliation envers une personne. Redevenons des pèlerins d’espérance, porteurs de sens et de vie autour de nous.

Abbé Etienne KAOBO SUMAIDI
Gembloux, le 29/03/2025