3e dimanche de Carême C – Pèlerins d’espérance : Dieu prend patience envers nous et nous invite à la conversion

Frères et sœurs bien-aimés, en ce troisième dimanche de Carême, l’Église nous invite à contempler le visage de Dieu qui ne se lasse jamais de nous attendre. Nous sommes des pèlerins : en marche, en quête, parfois fragiles, souvent distraits, mais toujours espérés par Celui qui est fidèle.

Le thème de ce troisième dimanche est – « Pèlerins d’espérance : Dieu prend patience envers nous et nous invite à la conversion » – est une invitation à reconnaître la bonté patiente de Dieu et à accueillir son appel pressant à la conversion. Le Seigneur ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se détourne de sa voie et qu’il vive (Ez 18,23). Sa patience n’est pas faiblesse, mais puissance d’amour ; son appel à la conversion n’est pas reproche, mais opportunité de renaissance.

Dieu prend patience envers nous : la miséricorde à l’œuvre

Dans l’Évangile de ce dimanche (Luc 13, 1-9), Jésus nous raconte la parabole du figuier stérile. Le propriétaire veut le couper, mais le vigneron intercède : « Maître, laisse-le encore cette année, je bêcherai autour et j’y mettrai du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. » Cette image révèle un Dieu qui ne condamne pas à la première chute, mais qui laisse le temps à la croissance, à la transformation intérieure. Dieu prend patience, car Il voit plus loin que notre péché : Il voit notre potentiel de sainteté.

Notre vie chrétienne est une route parfois sinueuse, marquée par des chutes, des retours en arrière. Mais Dieu n’est pas un juge pressé ; Il est ce vigneron qui prend soin, qui attend, qui nourrit. Le Carême est ce temps précieux où Dieu nous donne encore une année, encore un moment, encore une grâce pour changer. Sa patience nous rappelle qu’aucune situation n’est irrémédiable tant que l’amour agit.

La patience de Dieu n’est pas permissivité. Elle est une invitation active à nous convertir. Saint Pierre nous dit que « le Seigneur ne tarde pas à accomplir sa promesse, mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous arrivent à la conversion » (2 P 3,9). Cette attente divine est donc un appel vibrant : « Reviens à moi de tout ton cœur » (Jl 2,12).

L’appel pressant à la conversion : un choix de vie

Dans le même Évangile de Luc, Jésus réagit à des événements tragiques : l’effondrement d’une tour, des Galiléens massacrés. Il ne cherche pas à expliquer le mal, mais il lance un avertissement spirituel : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Ce n’est pas une menace, c’est une urgence. Il nous rappelle que le temps nous est donné pour changer, pour réorienter nos vies vers Dieu.

Se convertir, ce n’est pas simplement éviter le péché, c’est changer notre manière de vivre, de penser, d’aimer. Cela commence par un regard honnête sur nous-mêmes, dans la lumière de Dieu. Cela signifie renoncer à l’égoïsme, au confort spirituel, à l’indifférence. Le figuier stérile nous parle : Dieu attend du fruit. Et ce fruit, c’est la justice, la charité, la paix.

La conversion ne concerne pas seulement chacun de nous individuellement. Elle est aussi collective : notre Église, nos communautés, nos familles sont appelées à se renouveler. Le Carême est un temps où nous pouvons porter ensemble un fruit nouveau, en soutenant les plus pauvres, en soignant les blessures de nos divisions, en bâtissant la paix.

Pèlerins d’espérance : marcher vers Pâques avec confiance

Nous ne sommes pas des condamnés, mais des appelés. Le Carême est un pèlerinage vers Pâques, vers la victoire de la vie. En acceptant de nous convertir, nous ouvrons notre cœur à la lumière pascale. Nous devenons des témoins de la résurrection au cœur même de nos fragilités.

Le figuier ne donne pas encore de fruit, mais le vigneron y croit. Dieu croit en nous plus que nous ne croyons en nous-mêmes. Cette espérance nous pousse à ne pas désespérer des autres ni de nous-mêmes. Même si les fruits semblent tarder, Dieu travaille la terre de notre cœur. Il prépare une moisson abondante.

Être pèlerin d’espérance, c’est aussi devenir semeur : semer des paroles d’encouragement, poser des gestes de réconciliation, transmettre la foi. Nous ne marchons pas seuls : Dieu est avec nous, et Il nous envoie vers nos frères pour qu’eux aussi, rencontrent sa patience et entendent son appel.

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Frères et sœurs, aujourd’hui, Dieu nous parle avec tendresse et fermeté : « Reviens à moi. Je crois en toi. Je t’attends. » Le Carême est un don, un sursis de grâce, une main tendue. Ne laissons pas passer cette chance de conversion.

Prenons un temps pour écouter Dieu dans le silence, pour laisser sa Parole retourner notre cœur. N’attendons pas demain : aujourd’hui est un jour de salut.

Seigneur notre Dieu, toi qui es patient et lent à la colère, merci de nous donner le temps de revenir à toi. Fais grandir en nous le désir de conversion, et donne-nous la force d’y répondre avec courage et humilité. Fais de nous des pèlerins d’espérance, porteurs de ta lumière sur les routes de ce monde. Amen.

Cette semaine, prenons un engagement concret : un moment quotidien de prière personnelle, une marche vers la réconciliation, un geste de charité envers un frère ou une sœur dans le besoin, etc.

Abbé Etienne KAOBO SUMAIDI
Gembloux, le 23/03/2025