8e dimanche dans l’année C – 27 février 2022

Chers frères et sœurs,

Les textes d’aujourd’hui n’offrent pas une très grande unité. Ils sont représentatifs de toute une série de passages de la Bible qui constituent comme un collier de perles qu’il est bon de contempler l’une après l’autre en prenant son temps.

La plus précieuse est certainement le court passage où Saint Paul chante son hymne à la résurrection. Il conclut, par ces quelques lignes, sa réflexion que nous avons suivie  les dimanches précédents. Aujourd’hui, il n’est pas question de réfléchir, de discuter, d’argumenter,  de chercher à convaincre. On dirait que St Paul, comme après une difficile ascension, se repose enfin sur le sommet. Il s’écrie : « la mort a été engloutie dans la victoire. O mort, où est ta victoire ? » Ces phrases sont celles, tout simplement, du chrétien qui se réjouit de la bonne nouvelle qu’il vient d’apprendre : Jésus est ressuscité. Dans sa résurrection il nous entraîne. Nous sommes tout à la joie de ceux qui savent, désormais, que leur peine n’est pas inutile, qu’aucune peine, aucune souffrance n’est inutile. Jésus nous montre, en effet, que sa croix et sa passion ouvrent le chemin de la gloire. Certes, aucune explication n’est donnée qui satisferait les curiosités de notre intelligence. Le problème du mal n’est pas résolu de manière théorique. C’est la confiance en Jésus qui met au cœur du chrétien cette certitude que toute vie a un sens puisque, du creux de la plus difficile impasse que furent les derniers jours de sa vie, jésus est sorti vainqueur pour nous inviter à sa suite.

Une des conséquences de cette certitude est évoquée par la parabole de l’aveugle qui conduit un autre aveugle.

Puisqu’une immense lumière nous est donnée dans l’annonce de la résurrection, qu’aurions-nous à rechercher auprès de guides douteux et aveugles dont foisonne notre monde aujourd’hui ? Dieu sait si nos contemporains ont soif de lumière. Quelle tristesse de voir les mille et une propositions qui sont faites aujourd’hui, toutes plus aguichantes les unes que les autres ! Nous pouvons penser aux sectes, bien sûr. Mais nous subissons également mille sollicitations à travers les médias, qui proposent un sens de la vie terre à terre, vraiment à ras du sol. Nous sommes invités au plaisir spontané qui n’est autre que le libre cours laissé à nos pulsions primaires. De vrais aveugles qui prétendent voir et qui trouvent jouissance à ridiculiser ceux qui pensent que l’homme peut regarder un peu plus loin et un peu plus haut que l’immédiateté de ses nerfs ou de son épiderme. Devant l’énormité de la déferlante, on pourrait être tenté de baisser les bras. Combattre de front est pratiquement inutile. Nous n’avons pas les mêmes moyens. Même si nous les avions, conviendrait-il d’en user ? Ce n’est pas sûr. La bonne nouvelle ne se répand que par des moyens qui lui correspondent. Les chemins de l’intériorité ne sont pas les chemins de la superficialité.

Chers frères et sœurs, la première qualité à cultiver, c’est la patience. La patience de Dieu qui supporte tous nos errements et qui, à travers nos pires bêtises n’oublie jamais le bien qu’il y a en chacun, à commencer par la sincérité. La petite parabole de l’arbre que l’on juge a ses fruits nous indique bien cela. La patience de l’agriculteur laisse se dérouler les saisons et ne juge que sur récolte. C’est alors qu’il apprécie et décide de son travail pour l’année suivante. Il en va de même pour les affaires humaines. Les nouveautés qui apparaissent dans une culture peuvent être jugée à priori comme pernicieuses simplement parce qu’elles ne ressemblent pas à ce qui a précédé. Ne nous laissons pas prendre au piège de ces jugements hâtifs qui ne signifient rien d’autre que notre peur d’être dérangés. Lorsque nous voyons les fruits, par contre, alors ne mettons pas notre drapeau dans la poche. Osons dire que nous espérons une autre grandeur pour l’humanité. On veut ratatiner l’homme, le réduire à son porte-monnaie ou à son corps biologique ou à ses seules belles années de jeunesse ou à son intelligence ou à son affectivité spontanée ; que sais-je encore ? Alors que St Paul vient de chanter sa joie devant sa découverte. L’homme ne se mesure pas, ne se pèse pas, ne se teste pas. L’essentiel est grand comme Dieu est Grand. L’essentiel de d’homme est ce qu’il faut à un homme, à la femme pour que Dieu le ou la ressuscite, dévoilant ainsi la dimension cachée de sa vie qui n’est rien d’autre que l’éternité, l’amour. Amen !

Abbé Jeannot-Basile.