7e dimanche dans l’année C – 20 février 2022

Le pardon, signe de l’humanité nouvelle inaugurée par le Christ

Jésus disait à ses disciples : « aimez vos ennemis ! »

Car aimer nos ennemis, c’est imiter la miséricorde même de Dieu et témoigner que nous sommes vraiment des filles et des fils de Dieu notre Père. Et en vivant ainsi, nous appartenons à l’humanité nouvelle inaugurée par Jésus Christ.

Nous retiendrons, ce dimanche, que le Christ nous invite à avancer vers une humanité nouvelle en renonçant à toute vengeance et en pardonnant à nos frères et sœurs de tout notre cœur.

  1. Avancer vers l’humanité nouvelle inaugurée par le Christ

Dans la deuxième lecture, Saint Paul nous donne les images de deux formes d’humanité. Et la vie d’un homme ou d’une femme se joue entre ces deux images qui sont aussi les deux visions de l’homme et qui révèlent deux types de comportement humain.

Adam: « l’homme ancien ». Avec Adam, c’est l’humanité dans ce qu’elle est ancrée dans la vie de cette terre. Les hommes sont préoccupés uniquement par les choses de ce bas monde. Leurs actions et réactions sont primaires : ils aiment ceux qui les aiment et haïssent ceux qui les détestent. Ils sont intéressés par les réalités mondaines. C’est l’image de l’homme qui rumine le mal, qui s’enfonce chaque jour plus dans le péché et se ferme à Dieu et à sa grâce.

Jésus Christ : « l’homme nouveau ». Le Christ, c’est l’homme venu d’en-haut qui est tout imprégné d’amour et de miséricorde. Tout ce qu’il fait est orienté vers le ciel, vers la réalisation de la volonté de son Père. Il manifeste un amour sans frontières dans tout ce qu’il accomplit. Il est l’homme nouveau et qui renouvelle notre humanité. Habité et guidé par l’Esprit de Dieu, il ouvre à l’humanité la voie du salut et de la vie en plénitude.

  1. Renoncer à la vengeance

La première lecture nous donne l’exemple de David qui renonce à la vengeance. La vengeance peut nous apparaître comme la solution ou l’unique recours par rapport à l’offense subie. C’est la réaction spontanée d’Abishai lorsque, avec David, ils trouvent le roi Saül endormi au milieu de ses soldats. Comme ce conseiller de David, combien de fois, nous aussi, notre première réaction ou idée de réaction est de rendre la pareille à celui ou celle qui nous a offensé !

Face à un mal subi, face à une blessure ou une offense, quelques fois, nous ne réagissons pas spontanément, mais nous gardons une rancune dans notre cœur. Ce qui nous pousse à alimenter continuellement la haine et l’animosité envers la personne qui nous a blessé. Même si la vengeance est momentanément contenue, elle finira tôt ou tard par exploser.

La vengeance n’est pas la solution qui nous honore comme disciples du Christ. D’abord parce que nous catégorisons les hommes et les femmes en « amis » que nous pouvons fréquenter et en « ennemis » envers qui nous manifestons notre haine. Ensuite, parce que, dans un esprit de vengeance, nous allons entretenir la rancune ou la rancœur. Ce qui, en réalité, va nous ronger nous-mêmes et éloigner notre cœur de la paix intérieure. Enfin, parce que, en nous vengeant, nous allons ajouter la violence à la violence. Ce qui défigure encore plus notre humanité !

  1. Pardonner de tout son cœur

À tous ses disciples d’hier et d’aujourd’hui, Jésus recommande d’aimer les ennemis, de faire du bien à ceux qui nous ont fait du mal et à bénir ceux qui nous maudissent. C’est une invitation à toujours prendre de la distance avant de réagir par rapport à une blessure subie et à agir sur la base de l’amour en suivant l’esprit de la nouvelle humanité inaugurée par le Christ.

Lorsque Jésus dit :« Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux », il tient compte du fait que pardonner n’est pas le premier réflexe qui nous vient à l’esprit lorsque nous sommes offensés. C’est pourquoi, il nous invite à élever notre regard et notre coeur vers Dieu, le Père de tous les hommes et les femmes et d’imiter son agir. Mais, surtout, nous tourner vers le Père pour lui demander son secours et la force de pardonner de tout notre cœur.

Retenons bien ce que Jésus nous dit : « si vous pardonnez, alors votre récompense sera grande dans les cieux et vous serez les fils du Dieu Très-haut ». Cette grande récompense commencera dès aujourd’hui. Car, lorsque nous pardonnons à notre prochain de tout notre cœur, nous accédons déjà, à ce moment-là, à la joie et à la paix intérieures. Nous verrons alors l’offenseur, non comme un ennemi, mais comme un frère ou une sœur à aimer. Nous aurons ainsi la joie de vivre et d’agir comme les filles et les fils de Dieu, notre Père à tous. C’est en cela que se manifeste le germe éclos de la nouvelle humanité inaugurée par Jésus Christ.

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À nous qui sommes ses disciples, Jésus nous recommande d’aller plus loin dans notre amour. Il veut que nous ne limitions pas notre amour uniquement à ceux qui nous aiment en retour, mais que nous l’ouvrions également à nos ennemis. Car c’est de cette façon que, en imitant la miséricorde du Père, nous allons honorer davantage notre dignité de fils et filles de Dieu.

Demandons au Père de nous donner son Esprit Saint afin que nous renoncions à la haine et à la vengeance et que nous entrions chaque jour plus dans l’esprit de la nouvelle humanité inaugurée par le Christ.

Abbé Étienne Kaobo Sumaidi

Gembloux, le 20 février 2022